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En 2016, le code informatique arrive à l’école

Pour faire face à la révolution numérique, il est impératif que les enfants, mais aussi les enseignants et les parents, comprennent l’enjeu de l’introduction de ce nouvel enseignement.

Publié le 02 novembre 2016 à 17h24, modifié le 03 novembre 2016 à 10h46 Temps de Lecture 4 min.

Le but n’est pas de faire de tous les enfants de futurs informaticiens, mais d’acquérir des compétences transversales, essentielles dans de très nombreux métiers.

C’est peut-être avec surprise que les parents ont découvert un nouvel enseignement dans l’emploi du temps de leurs enfants : le code. En effet, comme dans d’autres pays autour de nous, l’Education nationale a inscrit aux programmes de l’école et du collège une initiation à l’informatique, appelée « algorithmique », ou bien « fondements du numérique », ou encore « code », ou « informatique ». Plus précisément, « l’enseignement de l’informatique (codage, algorithmique) est introduit au collège et une sensibilisation au code est proposée à l’école primaire », ce qui s’ajoute aux cours déjà proposés au lycée.

Le débat concernant les raisons de l’introduction de cet enseignement n’a pas assez bénéficié de la lumière médiatique ; il est important, aujourd’hui, que ces questions soient comprises de tous, et partagées par le plus grand nombre. En particulier par les parents et les enseignants. Il arrive que les innovations pédagogiques se fassent dans la confusion, il semble donc essentiel qu’une très grande majorité de parents et d’éducateurs soient convaincus du bien-fondé de l’introduction de cette nouvelle matière, et comprennent les difficultés à déployer ce nouvel enseignement, ainsi que les solutions proposées.

Garder l’esprit critique

Rappelons que le but n’est pas de faire de tous les enfants de futurs informaticiens, de même qu’apprendre le calcul n’est pas motivé par l’envie de faire de chacune ou chacun un mathématicien professionnel. Comme pour les mathématiques, le français ou les langues, où les compétences sont transversales et essentielles dans de très nombreux métiers, il est devenu clair que le numérique est lui aussi présent dans tous les secteurs, et se limiter à en être uniquement un utilisateur passif constituera un handicap professionnel dans le futur.

Pour en rester à la vie professionnelle, il est essentiel que chacun ait accès à ces compétences pour avoir les moyens de choisir, de trouver sa vocation.

Au-delà du monde professionnel, c’est toute la société qui est touchée par le numérique. Celui-ci joue et jouera un rôle décisif en matière de santé, de démocratie, de relations sociales. Nous votons et sommes consultés sur les réseaux, et nous intégrerons bientôt de plus en plus d’objets numériques dans notre quotidien qui transformeront nos vies. Et sur ces questions essentielles également, le citoyen, pour garder l’esprit critique, ne doit pas être uniquement un consommateur peu averti, un utilisateur de boîte noire qui se méfiera nécessairement de cette technologie qu’il ne comprend pas.

Notons également que cette diffusion du numérique peut aussi nous questionner. Mais, là encore, il importe que les prochaines générations disposent des connaissances, des compétences et de la culture leur permettant de participer aux débats de société qui ne manqueront pas de se produire, sur les avantages et les inconvénients des choix technologiques. Et on peut penser qu’une compréhension – pour l’avoir expérimenté soi-même – sera meilleure qu’une simple description des effets.

Former les éducateurs et les enseignants

En France, le choix qui a été fait par l’Education nationale va bien au-delà d’un simple enseignement du code. Coder n’est bien entendu pas une fin en soi. Coder, programmer, permet de mettre en œuvre ce que les enfants vont apprendre par ailleurs, et qui est bien plus important : la pensée informatique.

On peut avoir peur de ce terme et s’imaginer qu’il s’agit d’apprendre à « agir comme un robot ». Or c’est bien le contraire qui est recherché : apprendre à traiter et résoudre de nombreux problèmes en transformant les données en informations, puis concevoir des algorithmes permettant de traiter ces informations et d’obtenir la solution à notre problème. Cette façon de procéder n’est pas révolutionnaire, mais l’existence des technologies numériques rend aujourd’hui indispensable de les maîtriser.

Le chantier pour l’éducation est immense car il faut faire enseigner cette nouvelle matière sans avoir vraiment assez d’éducateurs et d’enseignants formés pour cela. En effet, la vitesse à laquelle les technologies numériques ont changé notre quotidien a été bien supérieure à celle du changement de la formation des enseignants. Il est pourtant aujourd’hui indispensable à la fois de commencer à éduquer les enfants et de former les éducateurs et enseignants qui vont, dans les écoles et les collèges, mais aussi dans le contexte des activités périscolaires, se trouver face à ces enfants.

Il faut donc, pour réussir ce défi, que les enseignants et les éducateurs ainsi que toutes celles ou ceux qui sont chargés de la jeunesse apprennent non seulement à utiliser ces technologies, mais également ce qu’il y a derrière, de façon à pouvoir transmettre ces savoirs, avec le soutien des entreprises et des universités, des collectivités territoriales et des acteurs de l’éducation populaire, des parents d’élèves et des organismes de recherche.

Jean-Pierre Archambault, président de l’association Enseignement public et informatique (EPI) ; Jacques Bahi, président de l’université de Franche-Comté ; Michel Bidoit, directeur de l’Institut des sciences de l’information et de leurs interactions au CNRS ; Pascal Buffard, président du Cigref (réseau de 140 grandes entreprises) ; Christian Colmant, directeur général de l’association Pasc@line ; Patrick Curmi, président de l’université d’Evry- Val-d’Essonne ; Pierre Dubuc, président d’OpenClassrooms ; Françoise Farag, vice-présidente de Tech in France ; Jean-Marc Gambaudo, président de l’université Côte d’Azur ; Bastien Guerry, responsable de JeCode.org ; Ghislaine Hierso, présidente de l’Association française des petits débrouillards ; Colin de la Higuera, président du comité de pilotage de Class’Code ; David Jasmin, directeur de la fondation La Main à la pâte, projet « 1, 2, 3… codez ! » ; Erwan Kezzar, cofondateur, directeur et responsable pédagogique de Simplon.co ; Olivier Laboux, président de l’université de Nantes ; Valérie Marty, présidente de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP) ; Benjamin Nguyen, directeur du numérique de l’Institut national des sciences appliquées (INSA Centre-Val de Loire) ; Antoine Petit, président directeur général d’Inria ; Jean-Marc Petit, président de la Société informatique de France (SIF) ; Anna Stépanoff, cofondatrice et directrice de la Wild Code School ; Claude Terosier, fondatrice et présidente de Magic Makers ; Frédérique Vidal, président de l’université Nice-Sophia-Antipolis ; Jean-Pierre Villain, président de la fédération générale des Pupilles de l’enseignement public (PEP).
Les organismes nommés ci-dessus sont partenaires de Class’Code (Classcode.fr)

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