Et si votre entreprise décroissait au lieu de croître?

Publié le 11/12/2015 à 11:46

Et si votre entreprise décroissait au lieu de croître?

Publié le 11/12/2015 à 11:46

Par Diane Bérard

Yves-Marie Abraham, professeur, HEC Montréal. Crédit: Thibault Carron, Portraits de Montréal

Et si votre entreprise décroissait au lieu de croître? C’est la proposition d’Yves-Marie Abraham, professeur au département de management d’HEC Montréal. Abraham c’est le prof dissident. Chaque faculté de gestion en a un ou deux, pour prouver à la face du monde qu’elle est ouverte d’esprit. Pendant le printemps érable, monsieur Décroissance portait le carré rouge à l’université.

Qu’est-ce que la décroissance?

"La décroissance est un mot-choc employé pour forcer les gens à s’arrêter, à ralentir la machine à produire, à questionner le dogme voulant que la croissance soit essentielle à assurer notre bonheur et que le PIB soit le baromètre de notre bonheur, résume Abraham, qui était conférencier hier soir à l’espace collaboratif Esplanade." Il ajoute, "Il est évident que nous ne prônons pas la décroissance infinie. Celle-ci serait aussi destructrice que la croissance infinie. Nous suggérons plutôt un pas de côté au lieu d’autres pas devant. La croissance infinie est un concept illogique dans un monde fini. Notre garde-manger est vide et notre poubelle déborde.»

Le développement durable et l’économie circulaire ne sont pas des solutions

«Le développement durable et l’économie circulaire sont plus dangereux que les doutes de climatosceptiques. Les promesses du développement durable nous laissent croire que le problème est réglé. Le développement durable nous accorde la permission de polluer plus longtemps. Les entreprises y adhèrent parce que ça leur permet de continuer leurs activités sans trop de bouleversements.»

Décroissance et makers’ movement

La décroissance a beaucoup à voir avec le mouvement du «fait soi-même » (makers movement). Pour l’instant, on travaille pour consommer et on consomme pour faire rouler l’économie et alimenter la croissance. On ne sait plus faire. On a perdu les compétences de fabrication. En ralentissant la croissance, on ralentit la production. Une partie de ce qui était produit industriellement le devient individuellement. Cela vous paraît une utopie ?

Parlons de ce qui se passe dans le secteur agricole. L’engouement pour les fermes à échelles humaines et l’agriculture urbaine est palpable. Prenez Jean-Martin Fortier, agriculteur, auteur de "Le jardinier-maraîcher" et coproprétiare des Jardins de la Grelinette. Il amorce une mini révolution qui veut « remplacer l’agriculture de masse par une masse d’agriculteurs ». Voilà 10 mois que Fortier travaille sur une ferme écologique pilote diversifiée à petite échelle. Savez-vous qui soutient son projet? Nul autre que la famille Desmarais qui croit que les fermes à petites échelles peuvent devenir un modèle pour le secteur agricole québécois.

La croissance infinie c’est attirant. Voilà des décennies que ce concept nous accompagne. La croissance nous apporte la paix sociale. Du nord au sud, d’est en ouest, nous sommes unis dans notre désir du toujours plus. Mais cette croissance ne vient plus. Et avec chaque trimestre de ralentissement, la paix sociale s’effrite. Doit-on continuer à croire que la croissance passée reviendra – et investir temps, effort et ressources pour la retrouver – ou consacrer notre énergie à trouver un autre équilibre?

En fait, la décroissance n’est pas un choix. Elle est déjà là. La plupart des économies ralentissent. Mais ce ralentissement est imposé et erratique. Et si au lieu de continuer à le subir on en faisait une occasion de revoir notre relation au travail et à la vie?

 

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