Si Spotify est le leader mondial du streaming audio avec 60 millions d’utilisateurs dont 15 millions payants, il est clairement attaqué par le nouveau Apple Music. Pas vraiment à cause de ses fonctions, finalement assez classiques, ni de son catalogue mais à cause de son modèle tarifaire.
Gratuit pendant les trois premiers mois, Apple Music est facturé 9,99 dollars par mois, soit le tarif appliqué par les autres offres payantes. Mais Apple a réussi à obtenir certaines largesses des Majors puisqu’il propose une offre famille à 14,99 dollars permettant à six comptes de se connecter simultanément et indépendamment. Reste à connaître la définition de « famille » pour Apple mais entre amis, la formule peut séduire et faire mal au géant suédois.
Ce dernier n’aura pas tardé à réagir. Selon le Wall Street Journal, la plate-forme a levé pas moins de 526 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs dont l »opérateur suédois TeliaSonera qui a lui seul s’empare de 1,4% de Spotify pour 115 millions de dollars. «Les deux sociétés engagent par ailleurs des ressources, du personnel et d’autres actifs pour accélérer l’innovation commune dans des domaines tels que la distribution de médias, la compréhension des consommateurs, l’analyse des données et la publicité», commente TeliaSonera.
Ce nouveau tour de table permet de valoriser l’entreprise à… 8,53 milliards de dollars. Pas mal pour une firme qui ne génère toujours pas de bénéfices…
Eviter la marginalisation
Rappelons que Spotify a également annoncé en avril un certain nombre de nouveautés pour anticiper l’arrivée du rouleau compresseur Apple sur le marché du streaming. Spotify indique ainsi qu’il proposera un service de streaming vidéo et s’est associé à des éditeurs, comme Vice ou des groupes de TV anglo-saxons, pour fournir des contenus exclusifs, sans lien avec la musique.
Spotify entend également innover avec des outils de personnalisation, ou de contextualisation. Exemple : adapter la musique à une activité.
Mais le poids d’iTunes (800 millions de comptes), l’ouverture d’Apple Music à Android et ses tarifs pourraient à terme marginaliser Spotify. A moins que la justice mette des bâtons dans la roue de la pomme.
Au lendemain de la présentation d’Apple Music on apprend en effet que le procureur général de l’Etat de New-York, Eric Schneiderman, et celui du Connecticut, George Jepsen, mènent depuis quelques temps une enquête sur les négociations entre Apple et les maisons de disque. Les magistrats veulent savoir si la firme à la pomme a fait pression ou s’est au contraire entendue avec les labels afin de tenter d’affaiblir le modèle gratuit porté par des services de streaming concurrents tels que Spotify. Cette enquête a été révélée par Universal Music qui a adressé un courrier au procureur général de New-York pour se défendre de toute collusion avec Apple et les autres majors.
Rappelons que les services de la concurrence de la Commission européenne scrutent eux aussi les négociations entre la firme de Cupertino et les maisons de disque.